Le père de Béla Czobel, marchand de grains originaire de Belus, petite ville à la frontière moravienne, s’installe à Budapest peu de temps avant la naissance de son fils. Le grand-père, peintre décorateur, oriente Béla Czobel vers une carrière artistique que celui-ci commence dès 1902 dans la colonie de peintres de Nagybánya, en Hongrie. L’année suivante, Czobel étudie à l’Académie des beaux-arts de Munich. Il y fait la connaissance de Jules Pascin, Rudolf Lévy et Walter Bondy, qu’il retrouvera plus tard à Montparnasse.
De 1902 à 1906, Czobel passe les étés à Nagybánya où il rencontre sa future femme, Isolda Daig, élève comme lui d’une école de peinture, qu’il épouse en 1905. C’est en octobre 1903 que Czobel va pour la première fois à Paris. Il habite l’hôtel du Danemark à Montparnasse et fréquente les cours de l’académie Julian, alors dirigée par Jean-Paul Laurens. Il obtient au concours un premier prix d’étude de nu. Czobel fait la connaissance d’Henri Matisse, prend part au mouvement fauve et expose, aux côtés de Derain, Vlaminck, Braque et Matisse, dans la salle que le Salon d’automne consacre au fauvisme en 1905.
En 1907, Czobel s’installe cité Falguière. Chaque été il retourne peindre dans la campagne de son pays natal et devient l’ambassadeur de l’avant-garde française en Hongrie. Il se rend notamment à Nyergesujfalu, invité par le peintre Karoly Kernstok. En 1909, Czobel participe à la fondation d’un groupe d’avant-garde hongrois nommé « Les Huit» et introduit le fauvisme à Budapest. Il obtient en 1913 le prix de l’Exposition internationale de peinture post-impressionniste de la maison des Artistes à Budapest. Pendant la Première Guerre mondiale, Czobel s’installe à Bergen, petit village de Hollande.
Entre 1919 et 1925, il vit à Berlin et découvre l’expressionnisme allemand, avant de rejoindre la France en 1925. Jusqu’en 1939, il vit en Normandie et dans le Midi, excepté quelques séjours en Hongrie, notamment en 1936 où il se rend à Szentendre, que fréquentaient déjà bon nombre de peintres dont Maria Modok, sa seconde femme. Czobel passe les années d’Occupation à Szentendre. En 1945, il s’y établit, partageant son temps entre la France et la Hongrie. Il meurt en 1976. Sa succession a été déposée à Szentendre au musée Czobel, inauguré un an avant sa mort.
FRENCH-ENGLISH
Capitale des arts, le Paris des années 1905-1939 attire les artistes du monde entier. De cette période de foisonnement, un terme est resté, celui d'Ecole de Paris, qui recouvre une grande diversité d'expression artistique. Dans ce brassage dont Montparnasse est le creuset, un groupe se distingue : celui des artistes juifs venus de Russie, de Pologne et d'Europe centrale. Si leurs styles sont variés, un destin commun les rassemble : ils fuient l'antisémitisme de leur pays d'origine. Certains ont connu la célébrité dès les années 1920, tels Soutine, Lipchitz ou Chagall. D'autres n'ont pas eu le temps ou la chance d'y accéder. Près de la moitié a péri dans les camps de concentration nazis.
From 1905 to 1939, Paris attracted artists from all over the globe as the capital of the art world. This period of artistic proliferation became known as the School of Paris, and includes a great diversity of artistic expression. Within the teeming art world centred on Montparnasse, one group set itself apart: Jewish artists from Russia, Poland, and Central Europe. Although their styles were diverse, they shared the common fate of fleeing anti-Semitic persecutions in their home countries. Some became famous in the 1920s, such as Soutine, Lipchitz, and Chagall, while others did not have the time or the luck to gain renown. Nearly half of these artists died in Nazi concentration camps.