Moïse Kisling, fils de tailleur, commence son apprentissage aux Beaux- Arts de Cracovie, dans la classe de Josef Pankiewicz, défenseur des impressionnistes, qui oriente ses élèves vers Paris plutôt que vers Munich. En 1910, Kisling arrive à Paris et s’installe rue des Beaux-Arts. Sa mère lui envoie un peu d’argent jusqu’au jour où un mécène russe inconnu, grâce à l’intervention de l’écrivain yiddish Shalom Asch, lui assure pendant un an une mensualité de 150 francs. Kisling fréquente les artistes de Montparnasse, se lie avec Picasso, Juan Gris, Max Jacob, Manolo.
En 1912, il rencontre à Céret son premier marchand, Adolphe Basler, qui lui achète toute sa production pour 300 francs par mois. À son retour de Céret, en 1913, il s’installe dans un atelier situé au no 3, rue Joseph-Bara. Réputé pour ses réceptions du mercredi, son atelier est le lieu de rendez- vous de Modigliani, Soutine, Derain et Juan Gris. L’immeuble abrite également Pascin, les Krogh, père et fils, et plus tard Zborowski. La concierge, Mme Marie Salomon, régente la maison d’une « main de fer » et terrorise tout le monde sauf Kisling. On le voit aux célèbres soirées de la baronne Hélène d’OEttingen, qui sera le centre littéraire et artistique de Montparnasse jusqu’en 1914. La Première Guerre mondiale surprend Kisling en Belgique, qu’il visite avec Basler. Il revient spécialement pour s’engager dans la Légion étrangère. Il est blessé en 1915, lors de la bataille où Blaise Cendrars perd un bras. Réformé, il regagne Montparnasse et découvre avec surprise qu’un jeune soldat américain mort au combat lui a légué la somme de 25 000 francs. Il visite l’Espagne, rentre à Paris, rencontre Zborowski.
En 1919, la galerie Druet organise sa première exposition. Sa peinture a du succès et les vedettes de l’époque sont ses modèles : Falconetti, Valentine Tessier, Arletty, Cocteau, Colette, Marie Laurencin et Kiki de Montparnasse. Lorsque la Seconde Guerre mondiale éclate, Kisling part vivre à Sanary dans sa propriété puis s’embarque en 1940 pour New York, où sa peinture est également appréciée. Il rentre en France en août 1946 et retrouve Sanary. Il y vivra jusqu’à sa mort, le 29 avril 1953.
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Capitale des arts, le Paris des années 1905-1939 attire les artistes du monde entier. De cette période de foisonnement, un terme est resté, celui d'Ecole de Paris, qui recouvre une grande diversité d'expression artistique. Dans ce brassage dont Montparnasse est le creuset, un groupe se distingue : celui des artistes juifs venus de Russie, de Pologne et d'Europe centrale. Si leurs styles sont variés, un destin commun les rassemble : ils fuient l'antisémitisme de leur pays d'origine. Certains ont connu la célébrité dès les années 1920, tels Soutine, Lipchitz ou Chagall. D'autres n'ont pas eu le temps ou la chance d'y accéder. Près de la moitié a péri dans les camps de concentration nazis.
From 1905 to 1939, Paris attracted artists from all over the globe as the capital of the art world. This period of artistic proliferation became known as the School of Paris, and includes a great diversity of artistic expression. Within the teeming art world centred on Montparnasse, one group set itself apart: Jewish artists from Russia, Poland, and Central Europe. Although their styles were diverse, they shared the common fate of fleeing anti-Semitic persecutions in their home countries. Some became famous in the 1920s, such as Soutine, Lipchitz, and Chagall, while others did not have the time or the luck to gain renown. Nearly half of these artists died in Nazi concentration camps.