Lorsque Aron Haber Beron s’installe en France, il se fait appeler Beron pour se distinguer de son frère Tévié. Celui-ci, arrivé en France en 1927, rencontre le fameux marchand Zborowski et lui montre les dessins d’Aron, alors âgé de dixneuf ans. Zborowski se passionne pour son travail et décide de le faire venir de Pologne. Le marchand lui fait signer un contrat et achète tout ce qu’il peint et dessine. Il s’engage également à acheter les oeuvres de Tévié, avec moins d’enthousiasme. À Paris, Aron Haber Beron visite le Louvre. Dès sa deuxième année, il est atteint d’une maladie psychique qui ne cessera de s’aggraver avec le temps. Les médecins l’envoient à La Ciotat pour se reposer et à la suite de ce voyage son état semble s’améliorer. Il revient à Paris, retourne au Louvre, peint jour et nuit. Un après-midi, au musée du Louvre, il s’exclame : « Je suis un grand peintre, ma peinture doit figurer au Louvre ! » À la suite de cet incident la police l’envoie à l’hôpital Sainte-Anne. Mme Zborowski veille à ce qu’il soit bien traité et lui rend visite régulièrement. Les Zborowski le font transférer dans une clinique privée. À la clinique, Haber Beron continue à peindre et envoie ses dessins au marchand. Peu de temps après son arrivée, il s’enfuit chez Zborowski qui lui conseille de rentrer chez ses parents à Lodz. Haber Beron continuera d’envoyer ses peintures à Paris. Zborowski montre ses oeuvres à René Gimpel, qui se passionne à son tour pour ce peintre et achète plusieurs tableaux. Gimpel envisage d’écrire une monographie sur Haber Beron. L’artiste meurt trois ans après son arrivée en Pologne des suites d’une grève de la faim à l’âge de vingt-cinq ans.
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Capitale des arts, le Paris des années 1905-1939 attire les artistes du monde entier. De cette période de foisonnement, un terme est resté, celui d'Ecole de Paris, qui recouvre une grande diversité d'expression artistique. Dans ce brassage dont Montparnasse est le creuset, un groupe se distingue : celui des artistes juifs venus de Russie, de Pologne et d'Europe centrale. Si leurs styles sont variés, un destin commun les rassemble : ils fuient l'antisémitisme de leur pays d'origine. Certains ont connu la célébrité dès les années 1920, tels Soutine, Lipchitz ou Chagall. D'autres n'ont pas eu le temps ou la chance d'y accéder. Près de la moitié a péri dans les camps de concentration nazis.
From 1905 to 1939, Paris attracted artists from all over the globe as the capital of the art world. This period of artistic proliferation became known as the School of Paris, and includes a great diversity of artistic expression. Within the teeming art world centred on Montparnasse, one group set itself apart: Jewish artists from Russia, Poland, and Central Europe. Although their styles were diverse, they shared the common fate of fleeing anti-Semitic persecutions in their home countries. Some became famous in the 1920s, such as Soutine, Lipchitz, and Chagall, while others did not have the time or the luck to gain renown. Nearly half of these artists died in Nazi concentration camps.