Grégoire Michonze est l’aîné d’une famille de cinq enfants. Son père tient un commerce de tissus et sa mère a grandi au sein d’une famille de rabbins. Il étudie aux Beaux-Arts de sa ville natale et s’initie à la technique de la peinture à l’oeuf. À l’issue du premier conflit mondial, la Bessarabie devient roumaine et Grégoire Michonze poursuit ses études à Bucarest. En 1922, Michonze s’embarque pour Marseille via Istanbul et s’installe à Paris. « Il n’avait emporté qu’un saucisson et du pain noir, et jalousement serré dans un sachet autour du cou, la ressource intouchable: le prix d’un billet sans retour de Marseille à Paris » (Patrick Waldberg). À Paris, il entre aux Beaux-Arts et fait la connaissance de Max Ernst qui l’introduit auprès des surréalistes: André Breton, Paul Eluard, Yves Tanguy, Aragon et André Masson. Il assiste aux réunions du groupe mais s’en éloigne peu à peu pour suivre une voie personnelle. Attiré comme d’autres artistes par la Côte d’Azur, il se rend à Cagnes où il retrouve son compatriote Soutine et Henry Miller qu’il connaît depuis 1928. Il organise sa première exposition personnelle à Antibes, dans son atelier, en 1932.
En 1937, Michonze séjourne aux États-Unis. À son retour, il fait la connaissance d’une jeune artiste écossaise, Una Maclean, qui devient sa femme et donne naissance à deux enfants. En 1939, Michonze s’engage dans l’artillerie française. Prisonnier à Brême en 1940, il passe deux ans à proximité d’un camp de prisonniers russes dont il rapporte des dessins bouleversants. À la fin de la guerre, il obtient la nationalité française. Il reçoit le prix William et Noma Copley de Chicago en 1961 et le premier prix de la biennale de Trouville (1964). En 1967, l’artiste se fait construire un grand atelier dans un moulin près de Troyes et ne s’en éloigne que pour visiter Rome, Venise, Genève, Londres ou Tel-Aviv.
FRENCH-ENGLISH
Capitale des arts, le Paris des années 1905-1939 attire les artistes du monde entier. De cette période de foisonnement, un terme est resté, celui d'Ecole de Paris, qui recouvre une grande diversité d'expression artistique. Dans ce brassage dont Montparnasse est le creuset, un groupe se distingue : celui des artistes juifs venus de Russie, de Pologne et d'Europe centrale. Si leurs styles sont variés, un destin commun les rassemble : ils fuient l'antisémitisme de leur pays d'origine. Certains ont connu la célébrité dès les années 1920, tels Soutine, Lipchitz ou Chagall. D'autres n'ont pas eu le temps ou la chance d'y accéder. Près de la moitié a péri dans les camps de concentration nazis.
From 1905 to 1939, Paris attracted artists from all over the globe as the capital of the art world. This period of artistic proliferation became known as the School of Paris, and includes a great diversity of artistic expression. Within the teeming art world centred on Montparnasse, one group set itself apart: Jewish artists from Russia, Poland, and Central Europe. Although their styles were diverse, they shared the common fate of fleeing anti-Semitic persecutions in their home countries. Some became famous in the 1920s, such as Soutine, Lipchitz, and Chagall, while others did not have the time or the luck to gain renown. Nearly half of these artists died in Nazi concentration camps.