La famille Schreter, établie depuis longtemps en Pologne, s’est éloignée des aspects traditionnels et religieux du judaïsme. Le père Max Szreter, fabricant en textile, demande à son fils de réaliser des dessins sur les tissus de sa production. Tel est le premier contact de Zygmund avec les arts plastiques. Sa mère lui enseigne la musique et il devient violoniste. Il étudie dans un lycée russe de Lodz et se fait remarquer par ses peintures. Il fréquente un cercle de jeunes amateurs d’art, dont le poète polonais Julian Tuwim, le musicien et chef d’orchestre Kletzki et le compo siteur Tansman.
En 1914, Schreter part pour l’Allemagne, à Karlsbad et, surpris par la Première Guerre mondiale, il se retrouve prisonnier civil russe. Les Schreter connaissent bien la langue allemande et l’utilisent plus souvent que le yiddish. En 1923, Zygmund Schreter étudie avec Martin Brandenburg et Lovis Corinth à l’académie libre de Levine Funke à Berlin. Il y fait la connaissance de plusieurs artistes qu’il retrouvera à Montparnasse. Durant ces années, Schreter vit surtout de son violon et joue avec l’Orchestre philharmonique de Berlin ou au Théâtre Max Reinhart. Parallèlement, il expose des aquarelles à Lodz en 1927.
À Berlin en 1929, il participe à une exposition organisée par la célèbre artiste allemande Ketti Kolvitz. Schreter arrive en France en 1934, s’installe à Cannes dans un premier temps, puis, aidé par le sculpteur Sébastien Tamari, rejoint Paris. Il loge au 36, avenue de Châtillon, derrière Montparnasse, où réside aussi la sculptrice Germaine Richier. Schreter passe les années d’Occupation dans son atelier, entouré de voisins qui assurent sa protection dont la famille Wladislaw qui tient le restaurant Wadia, rue Campagne- Première. Schreter est soutenu financièrement par un collectionneur de Buenos Aires qui lui achète régulièrement ses toiles. Certains de ses tableaux sont signés Szreter ou Zreter. Les années d’après-guerre sont jalonnées de voyages en Espagne, en Finlande, en Israël, en Suisse et aux États-Unis. À la mort de l’artiste en 1977, ses héritiers organiseront une exposition au musée national de Lodz.
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Capitale des arts, le Paris des années 1905-1939 attire les artistes du monde entier. De cette période de foisonnement, un terme est resté, celui d'Ecole de Paris, qui recouvre une grande diversité d'expression artistique. Dans ce brassage dont Montparnasse est le creuset, un groupe se distingue : celui des artistes juifs venus de Russie, de Pologne et d'Europe centrale. Si leurs styles sont variés, un destin commun les rassemble : ils fuient l'antisémitisme de leur pays d'origine. Certains ont connu la célébrité dès les années 1920, tels Soutine, Lipchitz ou Chagall. D'autres n'ont pas eu le temps ou la chance d'y accéder. Près de la moitié a péri dans les camps de concentration nazis.
From 1905 to 1939, Paris attracted artists from all over the globe as the capital of the art world. This period of artistic proliferation became known as the School of Paris, and includes a great diversity of artistic expression. Within the teeming art world centred on Montparnasse, one group set itself apart: Jewish artists from Russia, Poland, and Central Europe. Although their styles were diverse, they shared the common fate of fleeing anti-Semitic persecutions in their home countries. Some became famous in the 1920s, such as Soutine, Lipchitz, and Chagall, while others did not have the time or the luck to gain renown. Nearly half of these artists died in Nazi concentration camps.