Isaac Païles grandit au sein d’une famille d’orfèvres. Son grand-père maternel était graveur sur bois. À treize ans, Isaac s’intéresse à la gravure et à la sculpture. Ses premières sculptures sont conservées au musée de Kiev. En 1910, il entre aux Beaux-Arts de Kiev où il fait la connaissance d’Issachar Ryback et de Max Kaganovitch, qui deviendra son marchand quarante ans plus tard. Aidé de son père, Isaac Païles arrive à Paris en 1913. Il partage une chambre avec Mané-Katz et étudie la sculpture pendant un an aux Beaux-Arts de Paris.
En 1914, il décide de rentrer à Kiev. Il se rend à l’ambassade russe, vole de l’argent dans un tiroir et arrive en Russie via Londres, la Norvège, la Suède et la Finlande. Lorsque la révolution éclate en Russie, il est envoyé sur le front en Crimée mais, refusant de continuer à se battre, il s’embarque sans papiers ni billet sur un bateau. En échange d’un anneau en or, le commandant du bateau le dépose à Constantinople. Païles rêve de regagner Paris. Il s’embarque à nouveau et s’improvise matelot pour arriver jusqu’en France.
Il arrive à Paris en 1919 et va directement au café de La Rotonde. Il y retrouve ses amis Michel Kikoïne et Isaac Dobrinsky. Celui-ci l’accueille chez lui et lui donne des vêtements. Dans les premiers temps, pour gagner sa vie, Païles devient modèle. En 1920, il abandonne la sculpture pour la peinture et commence à collectionner l’art primitif. C’est alors qu’il entre en contact avec les amateurs d’art de l’époque : le commissaire Zamaron, les marchands Paquereau et Georges Bernheim. Attaché à ses origines slaves, Païles participe aux activités de la Société des artistes russes, présidée par Wildhopff et animée par les artistes russes de Montparnasse. Lorsque la Seconde Guerre mondiale éclate. Païles s’installe dans les Pyrénées- Orientales puis en Auvergne. Il entre ensuite dans un groupe de résistants à Rochefort.
Appelé au travail obligatoire en Allemagne, il décide de se cacher dans un grenier où il restera pendant onze mois. À la Libération, il retrouve son atelier à Montparnasse et continue à peindre. En 1948, Isaac Païles réalise ses premières oeuvres abstraites.
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Capitale des arts, le Paris des années 1905-1939 attire les artistes du monde entier. De cette période de foisonnement, un terme est resté, celui d'Ecole de Paris, qui recouvre une grande diversité d'expression artistique. Dans ce brassage dont Montparnasse est le creuset, un groupe se distingue : celui des artistes juifs venus de Russie, de Pologne et d'Europe centrale. Si leurs styles sont variés, un destin commun les rassemble : ils fuient l'antisémitisme de leur pays d'origine. Certains ont connu la célébrité dès les années 1920, tels Soutine, Lipchitz ou Chagall. D'autres n'ont pas eu le temps ou la chance d'y accéder. Près de la moitié a péri dans les camps de concentration nazis.
From 1905 to 1939, Paris attracted artists from all over the globe as the capital of the art world. This period of artistic proliferation became known as the School of Paris, and includes a great diversity of artistic expression. Within the teeming art world centred on Montparnasse, one group set itself apart: Jewish artists from Russia, Poland, and Central Europe. Although their styles were diverse, they shared the common fate of fleeing anti-Semitic persecutions in their home countries. Some became famous in the 1920s, such as Soutine, Lipchitz, and Chagall, while others did not have the time or the luck to gain renown. Nearly half of these artists died in Nazi concentration camps.