Isis Kischka passe son enfance à Paris, où ses parents se sont installés deux ans avant sa naissance. Son père, d’origine polonaise, est restaurateur avant d’ouvrir une épicerie dans le XVe arrondissement. Isis Kischka fréquente l’école communale de la rue Vigée-Lebrun, puis le lycée de Dreux, celui de Mayence et enfin l’école commerciale de Paris. À l’âge de dix-neuf ans, il s’intéresse à la peinture et à la littérature. Son premier travail consiste à dessiner des motifs pour une fabrique de médailles. Au contact de Jacques Copeau, Michel Saint-Denis, Charles Dullin et Georges Pitoëff, il envisage de produire une compagnie théâtrale mais se tourne vers la peinture en 1927 et fréquente l’académie de la Grande Chaumière. Ses toiles sont remarquées par les critiques parisiens, notamment Waldemar George.
En 1941, Kischka est arrêté sur ordre de la Gestapo. Il est interné au camp de Romainville, puis à Compiègne. Transféré à Drancy, il y reste deux ans, jusqu’au départ de l’armée allemande en août 1944. Dans les camps, il se lie d’amitié avec d’autres peintres internés, Jacques Gotko, Savely Schleifer et David Hoychman. Ils improvisent des expositions de leurs travaux. Ses camarades mourront en déportation. Il se promet de n’être que peintre si la guerre se termine. Il estime avoir peint deux cents toiles avant 1940, détruites par les nazis.
De retour à Paris en 1945, il doit faire face aux difficultés financières immédiates et reprend le magasin de son père. Il peint avant d’aller travailler et mène de front ses deux activités. En 1946, il participe à la création du Salon des peintres témoins de leur temps avec Jean Cassou, Yvon Bizardel, Raymond Cogniat et Georges Recio.
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Capitale des arts, le Paris des années 1905-1939 attire les artistes du monde entier. De cette période de foisonnement, un terme est resté, celui d'Ecole de Paris, qui recouvre une grande diversité d'expression artistique. Dans ce brassage dont Montparnasse est le creuset, un groupe se distingue : celui des artistes juifs venus de Russie, de Pologne et d'Europe centrale. Si leurs styles sont variés, un destin commun les rassemble : ils fuient l'antisémitisme de leur pays d'origine. Certains ont connu la célébrité dès les années 1920, tels Soutine, Lipchitz ou Chagall. D'autres n'ont pas eu le temps ou la chance d'y accéder. Près de la moitié a péri dans les camps de concentration nazis.
From 1905 to 1939, Paris attracted artists from all over the globe as the capital of the art world. This period of artistic proliferation became known as the School of Paris, and includes a great diversity of artistic expression. Within the teeming art world centred on Montparnasse, one group set itself apart: Jewish artists from Russia, Poland, and Central Europe. Although their styles were diverse, they shared the common fate of fleeing anti-Semitic persecutions in their home countries. Some became famous in the 1920s, such as Soutine, Lipchitz, and Chagall, while others did not have the time or the luck to gain renown. Nearly half of these artists died in Nazi concentration camps.