Louis MARCOUSSIS
janvier 3, 2019
Jacob MARKIEL
janvier 3, 2019

MAREVNA (Maria Rosanovitch Vorobieff, dite)

CHEBOKSARY (RUSSIA) 1892 – LONDON 1984

Fille d’une actrice juive du nom de Rosanovitch mariée avec Alexandre Vorobieff, Marevna est adoptée à l’âge de deux ans par Stebelski Bronislav, aristocrate catholique polonais, inspecteur des Eaux et Forêts, avec qui elle vit dans le Caucase jusqu’à l’âge de dix-huit ans. En 1907, elle suit les cours au collège de Tiflis en Géorgie. En 1910, elle part pour Moscou, fréquente l’École des arts décoratifs. Elle visite les musées et découvre les impressionnistes et les primitifs italiens.

À partir de 1910, Marevna voyage en Europe. Elle passe par Rome puis Capri, et rencontre l’écrivain Maxime Gorki qui l’incite à peindre et lui trouve son surnom, Marevna, qui signifie: Marie fille de la Mer. À Rome, Marevna se lie avec Yura Andreyevich, le fils de Gorki. Arrivée à Paris en 1912, elle étudie à l’académie de Zuloaga, à l’académie Colarossi en 1913, et enfin à l’académie russe où sont déjà Chana Orloff, Jacques Lipchitz et Ossip Zadkine. Yura Andreyevich l’introduit auprès des amis de son père: Max Volonchine, Boris Savinkov et le poète Ilia Ehrenbourg.

En 1914, le père de Marevna se suicide. Elle ne doit plus compter que sur elle-même. En proie au chagrin, elle voyage à Portofino, Biarritz et en Espagne. De retour à Paris, Ilia Ehrenbourg lui donne un recueil de ses poèmes à illustrer. Le fameux commissaire de police Léon Zamaron, amateur d’art, s’intéresse à sa peinture ainsi que Gustave Kahn, critique d’art et directeur du journal Le Quotidien. Ils seront ses premiers mécènes. En 1919, elle rencontre le peintre mexicain Diego Rivera, avec qui elle aura une fille, Marika.

En 1921, Diego Rivera regagne le Mexique. Entre 1923 et 1926, elle réalise des tissages inspirés de sujets géorgiens dessinés pour Paul Poiret. Elle participe à plusieurs expositions particulières et le marchand Léonce Rosenberg lui achète des toiles. Durant la Seconde Guerre mondiale, Marevna se réfugie dans le sud de la France : Saint-Paul-de-Vence, Beaucaire puis Cagnes. En 1949, elle s’installe à Londres avec sa fille mais rentre à Paris en 1960. Marevna partage son temps entre Paris et Londres où elle s’éteint en 1984. Picasso, qui l’admirait, lui confia un jour : « Nous ferons de vous une artiste encore plus grande que Marie Laurencin. »

Stories of Jewish Artists of the School of Paris 1905-1939

FRENCH-ENGLISH

Capitale des arts, le Paris des années 1905-1939 attire les artistes du monde entier. De cette période de foisonnement, un terme est resté, celui d'Ecole de Paris, qui recouvre une grande diversité d'expression artistique. Dans ce brassage dont Montparnasse est le creuset, un groupe se distingue : celui des artistes juifs venus de Russie, de Pologne et d'Europe centrale. Si leurs styles sont variés, un destin commun les rassemble : ils fuient l'antisémitisme de leur pays d'origine. Certains ont connu la célébrité dès les années 1920, tels Soutine, Lipchitz ou Chagall. D'autres n'ont pas eu le temps ou la chance d'y accéder. Près de la moitié a péri dans les camps de concentration nazis.

From 1905 to 1939, Paris attracted artists from all over the globe as the capital of the art world. This period of artistic proliferation became known as the School of Paris, and includes a great diversity of artistic expression. Within the teeming art world centred on Montparnasse, one group set itself apart: Jewish artists from Russia, Poland, and Central Europe. Although their styles were diverse, they shared the common fate of fleeing anti-Semitic persecutions in their home countries. Some became famous in the 1920s, such as Soutine, Lipchitz, and Chagall, while others did not have the time or the luck to gain renown. Nearly half of these artists died in Nazi concentration camps.