Bagel s’intéresse à la peinture dès son jeune âge et fréquente les cours du soir de l’École des arts décoratifs de Vilnius. Il s’associe au groupe Yungvilno, formé de jeunes plasticiens, écrivains, poètes yiddish de Vilnius, et participe aux expositions organisées par le groupe. En 1927, il part pour l’Allemagne où il intègre l’école d’art plastique et d’architecture du Bauhaus à Dessau. De 1928 à 1932, il suit les cours de Paul Klee, Wassily Kandinsky et Lyonel Feininger. Sa peinture frôle alors l’abstraction. Il conservera par la suite des liens étroits avec les anciens élèves du Bauhaus vivant à Paris : Joseph Weinfeld, Jean Leppien et Gitel Gold, qu’il épouse en 1932 et avec qui il aura un fils, Amos.
Bagel s’installe à Paris en 1933, illustre des livres d’enfants pour les éditions de la Nouvelle Revue française et réalise des reportages photographiques pour l’agence VU. En 1939, il s’engage dans l’armée française. Démobilisé, il passe les années d’Occupation à Toulouse et travaille chez un architecte. Résistant, il fabrique des faux papiers. À la Libération, Bagel rentre à Paris, illustre de nombreux journaux yiddish: Presse nouvelle, Droit et Liberté, La Semaine juive, À nouveau et plusieurs livres dont Montre de Cholem Aleichem. Il réalise également des décors de théâtre et des costumes pour la compagnie théâtrale d’art yiddish, Yikum.
De 1947 à 1968 il dirige l’atelier de conception de la Twentieth Century Fox et donne parallèlement des conférences sur la peinture. À l’occasion du centenaire de Cholem Aleichem, en 1959, la direction de l’Unesco lui commande une série de quinze grands tableaux inspirés des oeuvres de l’écrivain yiddish. Après son exposition dans les salons du palais de l’Unesco, il offre son oeuvre à la fondation dédiée à Cholem Aleichem à Tel-Aviv. Bagel collabore depuis 1945 et jusqu’à sa mort à la revue Architecture d’aujourd’hui.
FRENCH-ENGLISH
Capitale des arts, le Paris des années 1905-1939 attire les artistes du monde entier. De cette période de foisonnement, un terme est resté, celui d'Ecole de Paris, qui recouvre une grande diversité d'expression artistique. Dans ce brassage dont Montparnasse est le creuset, un groupe se distingue : celui des artistes juifs venus de Russie, de Pologne et d'Europe centrale. Si leurs styles sont variés, un destin commun les rassemble : ils fuient l'antisémitisme de leur pays d'origine. Certains ont connu la célébrité dès les années 1920, tels Soutine, Lipchitz ou Chagall. D'autres n'ont pas eu le temps ou la chance d'y accéder. Près de la moitié a péri dans les camps de concentration nazis.
From 1905 to 1939, Paris attracted artists from all over the globe as the capital of the art world. This period of artistic proliferation became known as the School of Paris, and includes a great diversity of artistic expression. Within the teeming art world centred on Montparnasse, one group set itself apart: Jewish artists from Russia, Poland, and Central Europe. Although their styles were diverse, they shared the common fate of fleeing anti-Semitic persecutions in their home countries. Some became famous in the 1920s, such as Soutine, Lipchitz, and Chagall, while others did not have the time or the luck to gain renown. Nearly half of these artists died in Nazi concentration camps.