Ossip Zadkine naît à Vitebsk dans une famille juive d’origine écossaise et passe son enfance à Smolensk. Son père est enseignant de grec et de latin. Il grandit dans un pays de forêts, ce qui explique son attirance pour le bois, qui sera le matériau essentiel de son oeuvre. Zadkine se passionne très jeune pour l’art, bien que son entourage ne l’y encourage pas. Il rêve de devenir musicien, mais son père s’y oppose violemment et brise son violon. En 1898, il copie le portrait d’un Cosaque tandis que son père joue à côté avec ses amis. Tous s’arrêtent pour regarder le jeune Ossip en train de dessiner. À partir de ce jour, il ne lâchera plus son crayon et dessinera de nombreux portraits de famille.
En 1902, Zadkine tombe accidentellement dans un ruisseau et découvre qu’il a glissé sur une terre glaise d’une grande blancheur. À partir de ce moment, il travaille la terre glaise sans relâche, au désespoir de son père. En 1905, celui-ci décide de l’envoyer en Angleterre afin qu’il apprenne l’anglais chez des cousins qui ne parlent pas le russe. Il suit alors des cours d’art à Sunderland. En 1906, il quitte ses cousins et part à Londres pour gagner sa vie grâce à des petits emplois chez des ébénistes. Il s’inscrit dans une école d’art, visite le British Museum et étudie la sculpture classique. Il retourne à Smolensk en 1908 et produit sa première sculpture. L’année suivante, il retourne en Russie. Son père accepte enfin l’orientation artistique de son fils et lui conseille d’étudier à Paris.
En 1909, Zadkine arrive à Paris. Il étudie aux Beaux-Arts et s’installe à la Ruche, où on le surnomme Joe Zadkine. En 1910, il entreprend un dernier voyage à Smolensk, durant lequel il rencontre Chagall à Vitebsk. En 1911, ses statues et dessins sont exposés au Salon d’automne et au Salon des indépendants. Il intègre le mouvement cubiste et fréquente les étudiants russes du Quartier latin. En 1912, il habite rue de Vaugirard, à Montparnasse, et étudie la sculpture romaine. Il se lie avec les poètes d’avant-garde Paul Éluard, Man Ray et Erik Satie. Ils feront partie de la commission qui provoquera la scission du mouvement dada. En 1914, grâce au soutien du collectionneur Paul Rodocanachi, il ouvre un atelier rue Rousselet. En 1919, il publie des poèmes dans la revue de Pierre Albert-Birot. Il se passionne pour le cubisme, mais s’en détachera plus tard. Pendant la Première Guerre mondiale, Zadkine est brancardier et produit des dessins et des aquarelles représentant cette dure réalité, affirmant que la guerre l’a détruit « corporellement et spirituellement ». Il ne cessera de la représenter.
En 1920, l’artiste organise une exposition dans son atelier que seuls ses amis de la Rotonde visiteront. La même année, il épouse la peintre Valentine Prax. Le couple choisit Foujita et sa femme, Fernande Barrey, comme témoins. En 1921, la première monographie sur son oeuvre est publiée. La même année, il est naturalisé français et l’une de ses oeuvres est achetée par le musée de Grenoble. C’est son premier achat par un musée français. Zadkine peint beaucoup d’aquarelles et de gouaches. Il sculpte également des statues en bois ou en pierres déconstruites. En 1923, il déménage au 100, rue d’Assas, où il vit jusqu’à sa mort ; l’adresse deviendra par la suite le musée Zadkine.
En 1924, il expose à Tokyo et l’année suivante à Bruxelles. Il vend peu et refuse de s’attacher à un marchand, gagnant sa vie en donnant des cours de sculpture à Paris. Dans les années 1930, Zadkine voyage en Italie et aux États-Unis. L’été, il sculpte dans sa maison des Arques, dans le Lot. Son oeuvre est exposée à Paris, au Petit Palais et au musée d’Art moderne. En 1933, le palais des Beaux-Arts de Bruxelles organise sa première exposition personnelle. Il se rend à New York pour la première fois en 1937, où il assiste à l’ouverture d’une exposition en son honneur à la Brummer Gallery. En 1938, il participe à la Biennale de Venise.
En 1941, fuyant l’Europe nazie, il part aux États-Unis. Il travaille à New York et expose à la galerie Pierre Matisse en 1942 avec d’autres artistes en exil. De retour à Paris en 1945, il enseigne la sculpture à l’académie de la Grande Chaumière et rapatrie ses oeuvres réalisées aux États-Unis. Durant ses dernières années, il produit de très nombreuses oeuvres. En 1964, Ionel Jianou publie son catalogue raisonné. Ossip Zadkine meurt à Paris en 1967. Il est enterré au cimetière du Montparnasse.
FRENCH-ENGLISH
Capitale des arts, le Paris des années 1905-1939 attire les artistes du monde entier. De cette période de foisonnement, un terme est resté, celui d'Ecole de Paris, qui recouvre une grande diversité d'expression artistique. Dans ce brassage dont Montparnasse est le creuset, un groupe se distingue : celui des artistes juifs venus de Russie, de Pologne et d'Europe centrale. Si leurs styles sont variés, un destin commun les rassemble : ils fuient l'antisémitisme de leur pays d'origine. Certains ont connu la célébrité dès les années 1920, tels Soutine, Lipchitz ou Chagall. D'autres n'ont pas eu le temps ou la chance d'y accéder. Près de la moitié a péri dans les camps de concentration nazis.
From 1905 to 1939, Paris attracted artists from all over the globe as the capital of the art world. This period of artistic proliferation became known as the School of Paris, and includes a great diversity of artistic expression. Within the teeming art world centred on Montparnasse, one group set itself apart: Jewish artists from Russia, Poland, and Central Europe. Although their styles were diverse, they shared the common fate of fleeing anti-Semitic persecutions in their home countries. Some became famous in the 1920s, such as Soutine, Lipchitz, and Chagall, while others did not have the time or the luck to gain renown. Nearly half of these artists died in Nazi concentration camps.