Ismak Kogan grandit dans une famille de neuf enfants. Son père, ébéniste, ne s’oppose pas à son départ prématuré pour les Beaux-Arts d’Odessa. En 1919, la guerre civile interrompt ses études et l’entraîne jusqu’à Moscou, où il intègre les Beaux- Arts. Il séjourne deux ans dans la région de Kichinev puis part pour Berlin, où il fréquente une académie de peinture. Ismak Kogan s’intéresse à l’anatomie et peint principalement des nus. Il entre en contact avec l’avantgarde berlinoise et décide de continuer sa formation à Paris en 1924.
Atteint de tuberculose, Kogan quitte Paris et s’installe dans un sanatorium, où il rencontre Frieda Mandelstamm. Ils se marient en 1926 et s’installent au Vaudoué, en région parisienne, où Frieda ouvre une pension de famille, Les Bruyères. Y séjourneront beaucoup d’émigrés et d’artistes d’Europe de l’Est. Leur fils Jakol y naît en 1934. C’est au Vaudoué que Kogan exerce son activité de peintre tout en revenant régulièrement à Paris : il bénéficie d’un atelier rue Jules-Chaplain, dans le sixième arrondissement. Il est arrêté et déporté une première fois en 1941 au camp de Pithiviers, puis relâché. Arrêté de nouveau à Paris, rue Blanche, où il se cache, il est conduit à Drancy en novembre 1942 d’où il part pour Auschwitz le 9 février 1943 par le convoi no 46, avec Frieda et une partie de la famille de celle-ci. Ils sont assassinés par les nazis.
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Capitale des arts, le Paris des années 1905-1939 attire les artistes du monde entier. De cette période de foisonnement, un terme est resté, celui d'Ecole de Paris, qui recouvre une grande diversité d'expression artistique. Dans ce brassage dont Montparnasse est le creuset, un groupe se distingue : celui des artistes juifs venus de Russie, de Pologne et d'Europe centrale. Si leurs styles sont variés, un destin commun les rassemble : ils fuient l'antisémitisme de leur pays d'origine. Certains ont connu la célébrité dès les années 1920, tels Soutine, Lipchitz ou Chagall. D'autres n'ont pas eu le temps ou la chance d'y accéder. Près de la moitié a péri dans les camps de concentration nazis.
From 1905 to 1939, Paris attracted artists from all over the globe as the capital of the art world. This period of artistic proliferation became known as the School of Paris, and includes a great diversity of artistic expression. Within the teeming art world centred on Montparnasse, one group set itself apart: Jewish artists from Russia, Poland, and Central Europe. Although their styles were diverse, they shared the common fate of fleeing anti-Semitic persecutions in their home countries. Some became famous in the 1920s, such as Soutine, Lipchitz, and Chagall, while others did not have the time or the luck to gain renown. Nearly half of these artists died in Nazi concentration camps.