Irina CODREANU
janvier 4, 2019
Jacques CYTRYNOWICZ
janvier 4, 2019

Joseph CONSTANT (Joseph Constantinovsky ou Constantinovitch, dit)

JAFFA (PALESTINE) 1892 – PARIS 1969

Joseph Constant naît en Palestine en 1892 et grandit à Odessa, en Ukraine. Dans sa jeunesse, il travaille avec son père, qui est ferronnier, et participe avec lui aux événements révolutionnaires de 1905. En 1912, il s’inscrit aux Beaux-Arts d’Odessa, où il étudie d’abord la peinture. Il est nommé inspecteur des beaux-arts lors de la révolution russe de 1917.

En 1919, son père et son frère sont tués lors d’un pogrom. Constant et sa femme fuient alors la Russie et embarquent à bord du Ruslan, qui les conduit, avec de nombreux autres artistes, en Palestine. À Tel-Aviv, il se lie avec le peintre Alexandre Frenel. Il voyage en Égypte, en Turquie et en Roumanie, puis arrive à Paris en 1923, où il suit des études d’art. Au début de sa carrière, Constant peint : il est réputé pour ses tableaux animaliers. Il utilise le crayon, le fusain et l’encre, et produit également des huiles et des aquarelles sur toile.

Dans les années 1930, il se consacre principalement à la sculpture animalière. Il travaille la terre, la pierre, le bronze, mais privilégie le bois. Il visite quotidiennement le Jardin des Plantes, où il puise son inspiration. Il appartient à un groupe d’artistes israéliens appelés les animalistes. À Paris, il développe une seconde carrière en tant qu’écrivain et signe plusieurs ouvrages en français sous le pseudonyme de Michel Matveev. Son livre le plus connu, Les Traqués, publié en 1933, est une histoire tragique décrivant le voyage de Juifs en quête d’un refuge à travers l’Europe.

En 1936, il obtient le prix des Deux Magots pour Étrange Famille. Il raconte aussi la vie des artistes juifs russes à Montparnasse dans La Cité des peintres, paru en 1947. Joseph Constant et son ami Alexandre Frenel sont reconnus comme les artistes de l’École de Paris qui ont introduit le réalisme et l’impressionnisme français en Israël. Ils sont les premiers à rejeter l’hégémonie de l’École d’art Bezalel de Jérusalem. Les deux artistes sont aussi réputés pour leur vie de bohème, qui se démarque des idéaux et de la réalité de la société pionnière qui les entourent.

Dans les années 1950, Constant voyage régulièrement en Israël, passant son temps entre son atelier de Montparnasse et celui de Tel-Aviv puis de Ramat Gan; ce dernier lieu est devenu une galerie de sculptures.

Stories of Jewish Artists of the School of Paris 1905-1939

FRENCH-ENGLISH

Capitale des arts, le Paris des années 1905-1939 attire les artistes du monde entier. De cette période de foisonnement, un terme est resté, celui d'Ecole de Paris, qui recouvre une grande diversité d'expression artistique. Dans ce brassage dont Montparnasse est le creuset, un groupe se distingue : celui des artistes juifs venus de Russie, de Pologne et d'Europe centrale. Si leurs styles sont variés, un destin commun les rassemble : ils fuient l'antisémitisme de leur pays d'origine. Certains ont connu la célébrité dès les années 1920, tels Soutine, Lipchitz ou Chagall. D'autres n'ont pas eu le temps ou la chance d'y accéder. Près de la moitié a péri dans les camps de concentration nazis.

From 1905 to 1939, Paris attracted artists from all over the globe as the capital of the art world. This period of artistic proliferation became known as the School of Paris, and includes a great diversity of artistic expression. Within the teeming art world centred on Montparnasse, one group set itself apart: Jewish artists from Russia, Poland, and Central Europe. Although their styles were diverse, they shared the common fate of fleeing anti-Semitic persecutions in their home countries. Some became famous in the 1920s, such as Soutine, Lipchitz, and Chagall, while others did not have the time or the luck to gain renown. Nearly half of these artists died in Nazi concentration camps.