Pinchus Krémègne est le dernier des neuf enfants d’une famille religieuse et modeste de la région de Vilnius. Son père fabrique des objets inspirés du folklore slave. Il entre à dix-neuf ans à l’école des beauxarts de Vilnius où il étudie la sculpture. Il fait la connaissance de Soutine et de Kikoïne. Conscient qu’il n’a pas d’avenir dans la Russie antisémite d’alors, il décide en 1912 de se rendre à Paris, affronte les difficultés d’un départ clandestin pour atteindre enfin la Ruche, « cette grande fourmilière russe du passage Dantzig ». Sur ses conseils, Soutine le rejoint en 1913.
En 1914, Krémègne sculpte et expose trois de ses oeuvres au Salon des indépendants. En 1915, il abandonne la sculpture pour la peinture. À Paris, il découvre les musées et les galeries de tableaux qui exposent des oeuvres de Vincent Van Gogh, de Paul Cézanne et des impressionnistes. À partir de 1916, il fréquente Montparnasse. Il y retrouve Kikoïne, André Derain, Maurice de Vlaminck, Max Jacob. Les marchands Chéron, Zborowski et Paul Guillaume sont ses premiers collectionneurs. En 1918, il découvre Céret, son nouveau lieu d’inspiration, et y séjourne fréquemment. À partir de 1920 commence une série de voyages : en Corse (1923), à Cagnes-sur-Mer (1928-1929) et en Scandinavie, d’où Krémègne rapporte de nombreux portraits.
En 1923, il épouse Birgit Strömback, dont il aura un fils. En 1940, il se réfugie à Turenne en Corrèze. Hébergé chez un villageois, il participe aux travaux des champs. Une galerie toulousaine lui fournit des couleurs pour qu’il puisse continuer à peindre. À la Libération, il rentre à Paris et s’installe dans un atelier rue François-Guibert. De 1949 à 1956, il séjourne en Israël, mais Céret reste son lieu de création privilégié. Dans les années 1960, Krémègne y achète un terrain sur lequel il fait construire sa « maison-atelier », qu’il occupera jusqu’à sa mort, au printemps 1981
FRENCH-ENGLISH
Capitale des arts, le Paris des années 1905-1939 attire les artistes du monde entier. De cette période de foisonnement, un terme est resté, celui d'Ecole de Paris, qui recouvre une grande diversité d'expression artistique. Dans ce brassage dont Montparnasse est le creuset, un groupe se distingue : celui des artistes juifs venus de Russie, de Pologne et d'Europe centrale. Si leurs styles sont variés, un destin commun les rassemble : ils fuient l'antisémitisme de leur pays d'origine. Certains ont connu la célébrité dès les années 1920, tels Soutine, Lipchitz ou Chagall. D'autres n'ont pas eu le temps ou la chance d'y accéder. Près de la moitié a péri dans les camps de concentration nazis.
From 1905 to 1939, Paris attracted artists from all over the globe as the capital of the art world. This period of artistic proliferation became known as the School of Paris, and includes a great diversity of artistic expression. Within the teeming art world centred on Montparnasse, one group set itself apart: Jewish artists from Russia, Poland, and Central Europe. Although their styles were diverse, they shared the common fate of fleeing anti-Semitic persecutions in their home countries. Some became famous in the 1920s, such as Soutine, Lipchitz, and Chagall, while others did not have the time or the luck to gain renown. Nearly half of these artists died in Nazi concentration camps.