Eugène EBICHE
janvier 2, 2019
Henri EPSTEIN
janvier 2, 2019

Willy EISENSCHITZ

VIENNA (AUSTRIA) 1889 – PARIS 1974

Willy Eisenschitz est encouragé dans sa vocation par son père, avocat d’esprit libéral. Il délaisse vite l’École des beaux-arts de Vienne pour aller travailler à Paris où il séjourne chez un oncle amateur d’art, Otto Eisenschitz, beau-frère d’Henri Bergson. En 1912, il s’inscrit à l’académie de la Grande Chaumière où il rencontre une jeune artiste, Claire Bertrand. C’est le début d’une union qui donnera lieu à un mariage en 1914. Si l’Europe centrale nourrit ses débuts de peintre, Paris, le canal Saint-Martin et la Provence constitueront la base de son inspiration future. Paysagiste avant tout, il ne recueille que de lointains échos des courants picturaux révolutionnaires parisiens mais s’imprègne pourtant du cubisme de l’après-guerre à travers des formes géométrisées.

En 1914, Eisenschitz est arrêté comme ressortissant d’un pays ennemi et il passe une grande partie de la guerre dans un camp d’internés civils à Angers. Sa femme l’y rejoint et donne naissance à deux enfants. Pour raison de santé, Eisenschitz s’installe en 1917 à Lucerne, et y expose, ainsi qu’à Zurich. En 1920, le couple rentre à Paris, puis découvre la Provence en 1921 avant de visiter Florence et Assise en 1922. Un problème de santé contraint le peintre à vivre à la montagne. Il s’installe à Mollans puis à Dieulefit dans la Drôme. En 1926, son exposition personnelle à la galerie Joseph Billiet donne lieu à un premier achat par l’État. En 1927, Eisenschitz s’installe avec sa famille près de Toulon, à La Valette-du-Var, dans l’ancien couvent des Minimes. En 1929, il voyage en Espagne et aux Baléares.

En 1931, souffrant d’une arthrite à l’épaule qui le prive de l’usage du bras droit, l’artiste produit des aquarelles, exposées avec succès en 1932 à la galerie Billiet-Worms. En 1935, Eisenschitz est naturalisé français. Il continue à voyager en Espagne et réalise les illustrations de trois ouvrages de Jean Giono : Les Vraies Richesses, Mort du blé, Entrée du printemps (éd. de luxe chez Ph. Gonin). Pendant la Seconde Guerre, Eisenschitz retourne à Dieulefit où se retrouvent des intellectuels réfugiés. Son fils David entre dans la Résistance, se fait arrêter et déporter en 1944. À la fin de la guerre, Eisenschitz partage son temps entre ses voyages dans le Midi, à Ibiza et au Soudan français et ses expositions à Paris, Toulon et Marseille, et s’inspire systématiquement des lieux qui l’entourent. Un an avant sa mort, une rétrospective est organisée à la maison de la culture d’Amiens.

Stories of Jewish Artists of the School of Paris 1905-1939

FRENCH-ENGLISH

Capitale des arts, le Paris des années 1905-1939 attire les artistes du monde entier. De cette période de foisonnement, un terme est resté, celui d'Ecole de Paris, qui recouvre une grande diversité d'expression artistique. Dans ce brassage dont Montparnasse est le creuset, un groupe se distingue : celui des artistes juifs venus de Russie, de Pologne et d'Europe centrale. Si leurs styles sont variés, un destin commun les rassemble : ils fuient l'antisémitisme de leur pays d'origine. Certains ont connu la célébrité dès les années 1920, tels Soutine, Lipchitz ou Chagall. D'autres n'ont pas eu le temps ou la chance d'y accéder. Près de la moitié a péri dans les camps de concentration nazis.

From 1905 to 1939, Paris attracted artists from all over the globe as the capital of the art world. This period of artistic proliferation became known as the School of Paris, and includes a great diversity of artistic expression. Within the teeming art world centred on Montparnasse, one group set itself apart: Jewish artists from Russia, Poland, and Central Europe. Although their styles were diverse, they shared the common fate of fleeing anti-Semitic persecutions in their home countries. Some became famous in the 1920s, such as Soutine, Lipchitz, and Chagall, while others did not have the time or the luck to gain renown. Nearly half of these artists died in Nazi concentration camps.