Krewer grandit dans une famille de musiciens. Son père enseigne le piano et le chant dans une école juive progressiste de Vilnius. L’enfant fait ses études en yiddish. À douze ans, il étudie le piano avec son père et s’intéresse à la sculpture. Sa première oeuvre représente un rabbin et trois élèves. Il sculpte pendant ses leçons d’allemand. Son professeur, enthousiasmé, lui conseille de continuer dans cette voie.
Krewer arrive à Paris en 1924 et se met à la peinture. À Montparnasse, il peint et dessine n’importe où et n’importe quand. Il suit les cours de l’Académie des beaux-arts puis ceux de la Grande Chaumière avec Antoine Bourdelle. On le surnomme « le petit Krewer ». Au Dôme puis à La Coupole, il discute longuement avec Charles Rapaport, penseur juif socialiste. Lorsque la guerre éclate, il est à Cachan dans son atelier. Ne croyant pas à la gravité de la situation, il se rend sans inquiétude à la convocation d’un commissaire de police qui le livre aux nazis. Il est interné au camp de Beaunela- Rolande. Malgré les difficultés de la vie au camp, Krewer continue à dessiner. Il ne se fait plus beaucoup d’illusions sur son sort et pourtant il écrit à sa mère qu’il va survivre à cet enfer et que tout se passera bien. Peu de temps après cette lettre, le 18 septembre 1942, il est déporté. Convoi no 34. Assassiné par les nazis.
FRENCH-ENGLISH
Capitale des arts, le Paris des années 1905-1939 attire les artistes du monde entier. De cette période de foisonnement, un terme est resté, celui d'Ecole de Paris, qui recouvre une grande diversité d'expression artistique. Dans ce brassage dont Montparnasse est le creuset, un groupe se distingue : celui des artistes juifs venus de Russie, de Pologne et d'Europe centrale. Si leurs styles sont variés, un destin commun les rassemble : ils fuient l'antisémitisme de leur pays d'origine. Certains ont connu la célébrité dès les années 1920, tels Soutine, Lipchitz ou Chagall. D'autres n'ont pas eu le temps ou la chance d'y accéder. Près de la moitié a péri dans les camps de concentration nazis.
From 1905 to 1939, Paris attracted artists from all over the globe as the capital of the art world. This period of artistic proliferation became known as the School of Paris, and includes a great diversity of artistic expression. Within the teeming art world centred on Montparnasse, one group set itself apart: Jewish artists from Russia, Poland, and Central Europe. Although their styles were diverse, they shared the common fate of fleeing anti-Semitic persecutions in their home countries. Some became famous in the 1920s, such as Soutine, Lipchitz, and Chagall, while others did not have the time or the luck to gain renown. Nearly half of these artists died in Nazi concentration camps.