Roman Kramsztyk grandit dans une famille bourgeoise de Varsovie. Il étudie la peinture entre 1903 et 1904 à l’Académie des beaux-arts de sa ville natale et continue dans le studio du peintre Adolf édouard Herstein. Il entre ensuite aux Beaux-Arts de Munich où son père, pédiatre, l’envoie poursuivre ses études. Il expose pour la première fois au Salon d’automne à Paris en 1911 puis, dès l’année suivante, à Berlin et Barcelone. En 1913, il expose à Cracovie et rencontre un grand succès. Les dix années suivantes sont ponctuées de fréquents voyages en Pologne. Il s’y rend avec sa femme, la soeur du peintre Louis Marcoussis. Il est à Paris depuis quatre ans lorsque la Première Guerre mondiale éclate. Il quitte alors la France pour rejoindre la Pologne.
En 1918, il est à Berlin et retrouve Herstein, son premier maître. De retour en Pologne, Kramsztyk adhère en 1924 au groupe d’avant-garde Rythme. Il est le seul portraitiste du groupe. Il traverse une période de doute, remet en question sa peinture et quitte Rythme en 1932. Il change radicalement de style pour revenir à une peinture plus traditionnelle. Installé rue Denfert- Rochereau, il partage sa vie entre Paris et la Pologne, où il est devenu célèbre. Il exécute des commandes pour des industriels et des hommes politiques. Lié d’amitié avec Weissberg depuis qu’ils exposèrent pour la première fois au Salon d’automne, en 1925, il fait son portrait « à l’accordéon», et Weissberg en retour fait le sien.
À la mort de sa mère, en juillet 1939, il se rend à Varsovie, règle la succession et prévoit d’assister au mariage d’une nièce. Pris au piège, comme tant d’autres peintres et sculpteurs juifs, « il est enfermé dans le ghetto que les Allemands faisaient construire par les Juifs». Il exécute de nombreux portraits et se donne pour mission de peindre les atrocités dont il fut témoin à Varsovie et dans la vie juive du ghetto. Un carnet de dessins dramatiques dans leur réalisme a été retrouvé et est conservé en Israël. Il existe plusieurs versions de la mort de Kramsztyk, qui s’accordent sur l’essentiel : il fut « blessé mortellement par balles dans la maison où il logeait, parmi ses tableaux » (témoignage de Wladyslaw Szpilman) le 6 ou 10 août 1942, lors des opérations de liquidation du ghetto, « par un milicien ukrainien de la SS – sa mort est relatée dans l’ouvrage de Szpilman, Le Pianiste, qui inspira à Polanski le film de même nom. ». (Extraits de Weissberg, Catalogue raisonné, p. 62)
FRENCH-ENGLISH
Capitale des arts, le Paris des années 1905-1939 attire les artistes du monde entier. De cette période de foisonnement, un terme est resté, celui d'Ecole de Paris, qui recouvre une grande diversité d'expression artistique. Dans ce brassage dont Montparnasse est le creuset, un groupe se distingue : celui des artistes juifs venus de Russie, de Pologne et d'Europe centrale. Si leurs styles sont variés, un destin commun les rassemble : ils fuient l'antisémitisme de leur pays d'origine. Certains ont connu la célébrité dès les années 1920, tels Soutine, Lipchitz ou Chagall. D'autres n'ont pas eu le temps ou la chance d'y accéder. Près de la moitié a péri dans les camps de concentration nazis.
From 1905 to 1939, Paris attracted artists from all over the globe as the capital of the art world. This period of artistic proliferation became known as the School of Paris, and includes a great diversity of artistic expression. Within the teeming art world centred on Montparnasse, one group set itself apart: Jewish artists from Russia, Poland, and Central Europe. Although their styles were diverse, they shared the common fate of fleeing anti-Semitic persecutions in their home countries. Some became famous in the 1920s, such as Soutine, Lipchitz, and Chagall, while others did not have the time or the luck to gain renown. Nearly half of these artists died in Nazi concentration camps.