Simon GLATZER
janvier 2, 2019
Jules GORDON
janvier 2, 2019

Thomas GLEB (Yehouda Chaïm Kalman, dit)

LODZ (POLAND) 1912 – ANGERS (FRANCE) 1991

Thomas Gleb grandit dans une famille d’ouvriers artisans et il suit les cours de la yeshiva. Sous l’influence de son père, tisserand, Thomas Gleb s’intéresse dès son enfance à la Bible. À dix ans, il dessine en cachette et rêve d’être peintre. Il est tour à tour tisserand, graveur de tampons et tailleur. écoutant les conseils du peintre Aron Haber Beron, il entre à l’atelier Start, à Lodz, où il dessine d’après des modèles et s’initie à la peinture à l’huile.

En 1932, il vient à Paris et se fait appeler Thomas Gleb à la suite d’un article sur la « glèbe », paru sur sa peinture. Dès ses débuts Thomas Gleb semble attiré par l’abstraction mais sa peinture reste encore figurative. Il puise son inspiration dans ses souvenirs d’enfance, ses visites du nord de la France, les mines de charbon et la vie ouvrière française. Il s’improvise retoucheur de portraits photographiques tout en continuant à peindre. Il fait la connaissance de sa future femme, Maria, sur les bancs des cours du soir de la rue de Paradis où tous deux apprennent le français. Trois ans plus tard, il exécute costumes et décors pour une troupe de Bruxelles avant de partir pour Amsterdam. En 1939, Gleb s’engage dans l’armée française puis dans la Résistance.

En 1944 il est arrêté, emprisonné à Grenoble et Lyon. Il s’évade du train qui l’emmenait en déportation. En Pologne, la famille Kalman périt dans le ghetto de Lodz. Il peint sous divers pseudonymes, dont Raymond Thomas. En 1945, il rentre à Paris. Entre 1950 et 1957, il séjourne en Pologne et visite l’Europe centrale. Jean Cassou, conservateur du musée d’Art moderne de Paris, lui rend visite dans son atelier à Varsovie. Thomas Gleb rentre définitivement vivre à Paris en 1957. À partir de 1960, il découvre une nouvelle forme de création : la tapisserie. Ses travaux antérieurs à 1939 demeurent inconnus à ce jour car détruits par les nazis.

Stories of Jewish Artists of the School of Paris 1905-1939

FRENCH-ENGLISH

Capitale des arts, le Paris des années 1905-1939 attire les artistes du monde entier. De cette période de foisonnement, un terme est resté, celui d'Ecole de Paris, qui recouvre une grande diversité d'expression artistique. Dans ce brassage dont Montparnasse est le creuset, un groupe se distingue : celui des artistes juifs venus de Russie, de Pologne et d'Europe centrale. Si leurs styles sont variés, un destin commun les rassemble : ils fuient l'antisémitisme de leur pays d'origine. Certains ont connu la célébrité dès les années 1920, tels Soutine, Lipchitz ou Chagall. D'autres n'ont pas eu le temps ou la chance d'y accéder. Près de la moitié a péri dans les camps de concentration nazis.

From 1905 to 1939, Paris attracted artists from all over the globe as the capital of the art world. This period of artistic proliferation became known as the School of Paris, and includes a great diversity of artistic expression. Within the teeming art world centred on Montparnasse, one group set itself apart: Jewish artists from Russia, Poland, and Central Europe. Although their styles were diverse, they shared the common fate of fleeing anti-Semitic persecutions in their home countries. Some became famous in the 1920s, such as Soutine, Lipchitz, and Chagall, while others did not have the time or the luck to gain renown. Nearly half of these artists died in Nazi concentration camps.